Céramistes en résidence

Voilà une jeune céramiste qu’il faudra suivre de près… Anne a la fraicheur des jeunes pousses de printemps et cela se ressent dans son travail. Séduite par ses croquis sur porcelaine (issus de l’un de ses voyages au Japon), j’ai aussi remarqué son style d’émaillage qui m’a rappelé un céramiste de Takayama, que j’aime beaucoup. Je lui ai donc passé une commande pour des coupelles et le résultat a dépassé toutes mes attentes. Elle fabrique également des bijoux, des pièces uniques délicates et élégantes où l’or s’invite parfois.

Elle travaille la porcelaine admirablement, donnant vie à des paysages patiemment sculptés dans la matière.  Des ciels d’Hokusai aux ruelles de Tokyo, ses tasses à thé vous invite à l’évasion. Barbara a également un immense talent pour émailler ses formes aux lignes épurées. Les teintes semblent produites par la nature elle-même, m’évoquant les nuits d’Hiroshige. A l’image des grands vins que j’ai eu la chance de déguster, toucher son travail vous transporte. Il y a de la justesse, une beauté sincère et une âme derrière chaque pièce produite.

Dorothée fut pour moi un coup de cœur immédiat. De ses porcelaines moulées sur des légumes anciens à ses coupelles, assiettes et vases en terre chamottée, contraste du rugueux et d’un émail intérieur cristallin, je trouvais tout à mon goût. On ressent l ’énergie de la Terre, du Feu, de l’Eau et du Métal dans son travail ; un reflet d’oxyde de fer s’invite parfois donnant de l’éclat à l’œuvre tout en humilité, à l’image de la créatrice, une belle personne de grand talent.

J’avais fait vœu de ne choisir que des céramistes français et puis j’ai rencontré Helena… Dans ce sublime restaurant japonais à la croisée des saveurs portugaises, MIDORI à Sintra, le chef me fait ce cadeau :  il me donne le nom de sa céramiste. Je suis littéralement sous le choc. Qui est-ce? Qui a fait ce bol, et cette assiette, et cette coupelle…. Je dois savoir… Dans son atelier d’Estoril, Helena me reçoit et je suis heureuse. Elle accepte de me faire quelques pièces et me les expédiera à Paris.  Ce sont des œuvres d’art, il y a l’écume de la mer, la nacre des coquillages, la peau d’une raie, la craie des falaises et le sable des plages… tout cela dans un bol.

Manon, telle une héroïne de roman capte votre attention dès que vous la croisez. A la source de sa noble matière elle enchante l’univers du bol de part sa douceur et son poétique regard sur le monde. Pour mes sakés, je ne pouvais trouver meilleur écrin. La magie du thé peuple son univers et elle est sans doute l’une de mes céramistes les plus japonistes. Je peux rester des heures à contempler ses bols, et je déguste différemment après cela. La cérémonie du saké que j’élabore, c’est elle qui me l’a inspirée.

Patricia semble se livre un peu plus dans chacune de ses œuvres. Personnage discret et silencieux, elle intrigue. Il y a comme un langage secret dans son travail… écrit plus qu’oral. Ses formes sont symboles et ses matières sont profondes. Il y a des vins qui offrent plusieurs lectures, les céramiques de Patricia sont ainsi. Une dimension spirituelle s’échappe de chaque motif et le met devient beau quand il est simplement posé sur ses assiettes. C’est là la magie de cette grande céramiste qui en inspire tant d’autres, sublimer le travail du cuisinier par sa simple présence.

C’est à l’occasion d’un Nodate  野点 (cérémonie du thé en plein air) que j’ai croisé Véronique pour la première fois. Ses céramiques, qui accompagnaient nos repas dans le parc naturel du Vercors, m’ont instantanément convaincue que mon projet ne pourrait se faire sans elles. De là, un dialogue sur la terre, la forme suivra pour élaborer ces pièces uniques à l’émail gris irrégulier que j’aime tant, et qui n’est pas sans évoquer l’énergie de la lune.
J’en ai fait mon assiette favorite à la maison, comme une écuelle qui me suivrait partout et en toute circonstance.